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Une Histoire

Une Histoire

Le barrage des cinq éléments

À la genèse de la construction du barrage hydroélectrique de Saint-Etienne-Cantalès(Cantal) se rencontrentquatre éléments. Le feu du centre de la Terre, qui, dans une bouffée de chaleur, a fait remonter de ses entrailles une bulle de gneiss, cristallisée en granite. Entre Saint-Étienne-Cantalès et Saint-Gérons, l’eau,tombée du ciel et ruisselant sur les vallées de la Cère, de la Jordanne et de l’Authre, s’est frayée un passage dans une gorge propice à l’édification d’un barrage voûte-poids.

De la terre est sorti un granite d’une exceptionnelle dureté, sur les flans du ruisseau du Ponthal, dynamité par le feu, lavé par l’eau du ruisseau, transporté par le feu, l’eau et l’air compressé des locomotives à vapeur, en norias jusqu’au concassage et à la centrale à béton en aval du barrage, à quelques centaines de mètres de la carrière.

La vapeur a servi à transporter jusqu’au site le ciment, les ferrailles et les turbines en acier sorties du feu de la sidérurgie. Pour les autres déplacements, le charbon de bois produisait avec l’eau la vapeur nécessaire à l’avancée poussive des camions gazogènes.

Le monde en feu, durant la Seconde Guerre mondiale, a fait fuir de leurs terres des réfugiés alsaciens, lorrains, du Nord de la France et de l’Europe, espagnols, italiens, portugais, qui, à la recherche d’un emploi, ont pu alimenter leur foyer grâce à ce site et à la chaleur de la solidarité humaine et de la Résistance, dont le barrage de Saint-Étienne-Cantalès est devenu une base d’appui.

L’ingénieur André Coyne (prononcer Coïne), le concepteur de ce barrage, a eu l’idée des déversoirs de crues en observant les brisants au phare d’Ouessant (Finistère).

À partir de cette idée, l’ingénieur républicain espagnol Santiago Rubió a étudié et réalisé un dispositif transformant la lame d’eau coulant sur un tremplin, tel un skieur acrobatique, en une pulvérisation mêlant l’eau et l’air.

André Coyne avait une autre passion, le violon, qui laisse fuir de son âme des airs enchanteurs qui rejoignent les gazouillis des oiseaux. Il se servit de cette technologie pour mettre au point des dispositifs de cordes tendues dans des colonnes creuses du barrage, dont la fréquence de vibration donnait des mesures sur la réaction de la voûte du barrage face à la pression de l’eau.

Des ouvriers, des techniciens, des ingénieurs travaillant sur ce barrage ont connu, avant d’y œuvrer, le feu de la guerre, le sang qui coule, la perte des proches et des amis.

Lors des combats de la Résistance et de la Libération, certains d’entre eux ont pris les armes pour combattre avec un idéal de Liberté. Au Mont-Mouchet et au réduit de la Truyère, certains sont morts pour la France, sous le feu de l’ennemi. Sang sur leur veste en cuir de maquisard et larmes sur les joues de leurs êtres chers ont laissé des traces cruelles dans la mémoire collective issue de l’histoire de la construction de ce barrage.

Après la mise en service du barrage et son inauguration, le 1er juillet 1945, par le général de Gaulle et le sultan du Maroc, l’eau a permis de produire de l’énergie électrique, aux multiples utilisations. Elle peut transformer la terre, chauffer et refroidir l’air et l’eau, atteindre des températures plus élevées que celles du feu.

Avec la réalisation du projet culturel Aster, conçu par Delphine Gigoux-Martin, le cinquième élément effectue une entrée culturelle inédite en transformant la voûte du barrage en support-écho de la voûte céleste. Ses étoiles de cette mer qui a inspiré André Coyne à Ouessant répondent en scintillant à celle de la voûte céleste au droit du cap de Bonne-Espérance, clin d’œil à l’espoir né de la Libération du monde, le 8 mai 1945, marquant sensiblement la fin de la construction du barrage de Saint-Étienne-Cantalès.

Et, quand le projet sera réalisé complètement, des images animées d’animaux sortis de l’imaginaire céleste égayeront la voûte aval du barrage, telles des feux-follets sortis de la terre, de l’eau se mêlant à l’air, pour mettre en lumière le barrage des cinq éléments.

Manuel Rispal

Commémoration de la Libération et de la première nuit libre du barrage avec une performance et installations vidéos de la constellation de la colombe avec la famille C.le 8 mai 2020 dans le cadre du projet « Aster »,œuvre pour le barrage de Saint-Etienne-Cantalès.